Au printemps les auteurices de notre milieu avaient espéré que l’association du FIBD était enfin revenue à la raison en dénonçant le contrat qui la lie à 9èmeArt+, et en lançant leur appel à projets. Il faut dire que la ligne rouge avait été largement franchie par 9èmeArt+.
It's worth recalling that l’enquête de janvier 2025 dans l’Humanité avait non seulement pointé du doigt quelques gros hics de gestion (management toxique, opacité comptable, soupçons de népotisme, dégradation de l’offre artistique), mais surtout : une employée de 9èmeArt+ – Chloé* – avait été victime de viol par l’un des prestataires pendant l’édition du FIBD 2024, et Franck Bondoux l’avait tout bonnement licenciée pour faute grave, pour « comportement incompatible avec l’image de l’entreprise », dès qu’elle avait déposé plainte contre le dit-prestataire.
La révélation a créé une onde de choc. Il faut dire que depuis 10 ans, depuis les dénonciations du collectif BdEgalité et du boycott de 2016 (contre la liste des 30 nominés sans femmes), Bondoux's public statements, and the scandals du FIBD, trop souvent liés à des problématiques sexistes voire de violences sexuelles, le vase était prêt à déborder.
La profession étant déjà à bout des conditions de festival (autant côté pro que du public et des locaux), on peut se demander si nous n’avons pas toustes un syndrome de Stockholm à y retourner chaque année. C’est dans ce contexte qu’en janvier on apprenait que 9èmeArt+ et Bondoux avaient commis une trahison impardonnable et envoyé un message clair à toutes les femmes : si une victime de viol parle, elle perdra tout.
En janvier dernier, on pourrait dire que l’affaire Chloé* fut la goutte qui fit déborder le vase. Mais je crois que ça va plus loin : cette affaire a brisé le vase. Il n’y a plus ce contenant, il ne peut plus y avoir de Festival d’Angoulême tel que nous l’avons accepté, avec toujours plus de mépris et de violences (morales, arrivistes, financières, physiques, juridiques…), il ne peut plus y avoir 9èmeArt+.
Les auteurices et une bonne partie des syndicats, des collectifs et maisons d’édition sur place ont dit STOP. Les panneaux sur les stands en janvier dernier, et tous les messages sur les réseaux reprenaient d’un seul bloc : Chloé* on te croit. C’est cet élan-là qui a fédéré, et permis l’appel au boycott du FIBD2026 si l’association FIBD ne renonçait pas son contrat avec 9ème Art+. Plus de 2000 professionnel.le.s et plusieurs organisations ont signé l’appel au boycott et souhaitent le départ de 9ème Art+.
Tout au long de l’année, nous avons vu des tentatives et des moves de la part de Bondoux pour maintenir la position de sa boîte, tout comme des tentatives de certaines organisations et autres partenaires de tenter de négocier de manière abjecte. Là où nous parlions de viol et de violences, on nous parlait d’économie. Le SNAC BD a quitté la table des discussions, les grands groupes éditoriaux ont continué de préparer leurs stands comme si de rien n’était. Aujourd’hui, samedi 8 novembre, l’association du FIBD a officiellement reconduit le contrat de 9èmeArt+ pour 9 ans, sans tenir compte de nos revendications, en envoyant à son tour le même message que Bondoux : oui, si une victime de viol parle, elle perdra tout, et le Festival d’Angoulême continuera de s’associer avec la société qui l’a licenciée.
Mais ces gens-là n’ont pas compris qu’ils viennent de signer la mort du FIBD.
Les auteurices sont l’âme de notre milieu – le premier rouage de ce que ces gens-là aiment nommer « économie » – et nous avons commencé à nous soulever par dizaines contre les violences, il y a 10 ans. Cette année, nous sommes des centaines à dire que nous ne serons pas complices. Nous ne viendrons pas, nous resterons solidaires et unitaires. Nous n’avons pas besoin du FIBD, c’est le FIBD qui a besoin de nous.
L’appel au boycott lancé par le STAA et MeTooBD part d’un principe clair. Ces dernières années, nous avons tenté de négocier et d’avertir, désormais la ligne rouge est dépassée. Et nous refusons que notre travail se fasse au détriment des victimes de VSS. Jamais ça.
Personnellement, je ne comprends pas comment on peut savoir tout cela et décider de continuer à occuper un stand au FIBD, alors que 9èmeArt+ reste aux commandes et que l’association du FIBD ne voit pas le problème. Laisser penser à ces décisionnaires et à notre public qu’on continuera à venir occuper un stand, alors que la ligner rouge a été franchie, ça envoie un message très grave à toutes les victimes de VSS. Et cela enverrait aussi le message à 9èmeArt+ et au FIBD qu’ils peuvent faire pire, on continuera sûrement de venir.
Actually, NO.
Refusons toustes d’être complices d’un tel type de festival.


